Me voici. Un jeudi soir 10h20. Incapable d'aller dormir et pourtant épuisée. Demain c'est le grand jour. Le retour de mes enfants à la maison. Demain, ma semaine commence!
Cela va bientôt faire deux ans que le yoyo émotionnel maternel me prend. Un vendredi sur deux rime avec joie de les retrouver, ambitions d'être la meilleure maman du monde, de profiter d'eux, de les aimer, leur apprendre à lire, les responsabiliser, les écouter, me gaver...
L'autre vendredi sur deux, le spleen total. Un vide mélancolique. Insatisfaite, frustrée, déçue, épuisée. Laissée en appétit. Laissée à moi-même. Devant moi ce lit à deux étages sans petits ronflements, ces toutous les yeux aussi vides que moi, ces jouets trop bien rangés. Encore une fois, je me suis laissée bernée par la routine et la discipline. Échec et mat. Meilleure chance la prochaine fois.
Qu'on me les ramènent tout de suite pour leur dire que je les aime, les serrer dans mes bras encore un peu et m'émerveiller devant leur belle beauté. Cette fois je m'énerverai moins, cette fois je jouerai plus avec eux et cette fois je me dirai qu'avoir des jumeaux c'est fantastique même s'ils se chicanent et même s'ils sont tannants. Je les veux. Ce soir. Tout de suite. Maintenant.
Je ne les aurai que demain en fin d'après-midi. Dès 16h je pourrai aller les chercher. Si je suis chanceuse, un des deux me sautera dans les bras et l'autre passera à côté de moi comme s'il ne s'était pas ennuyé de moi. Et là, j'aurai droit au récit crève-coeur... chez papa on a fait ci. Avec papa on a fait ça. Semi-maman a dit ceci et cela. Et Semi-maman nous a donné ceci et cela. Et tout le tra-la-la de cette "autre" partiel de leur vie.
Comme si un coeur de maman ça ne battait qu'à temps partiel! Comme si un coeur de maman pouvait être laissé dans la chambre d'enfant derrière la porte fermée. En quarantaine pour la semaine.
Aujourd'hui, maman partielle qui "partage" ses enfants avec une Semi-maman.
Demain. Vendredi. Retrouvailles. Maman partielle à temps plein. Enfin.
